samedi 24 août 2013

Mon abuelo Jesús, (j')écriture en cours !



Mon abuelo Jesús est mon gros chantier d'écriture du moment... Ecrire sur ce grand-père galicien qui a fui le franquisme en s'exilant à Cuba. Lui écrire de l'autre côté de l'océan...

Mon abuelo avec sa famille, mes arrières-grands-parents et grands oncles et tantes.
Il porte des lunettes, une petite moustache.
Ne pas utiliser la photo sans autorisation, svp.


Quelques extraits


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Tu viens de l’abandon
et de la distance

à l’ombre des arbres de ton pays
ton âme reste suspendue

elle revient parfois
où tu es né

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Tu es parti et je te vois avec ta valise les malles faites à la hâte.
Ta main ne quitte pas la valise, mais la main dans la tienne glisse déjà.
Tes lunettes tombent sur ton nez. Qu’as-tu fait de ton chapeau ?
Tu laisses pendre ta veste, la sueur te coule sous les bras.
Tu dégoulines de tout ce soleil,
le ciel te fond sur la peau
ta vue se trouble de rivières.
Tu n’y vois rien de ce pays. 


Tu es encore un peu dans l’autre et tu ne le sais pas.







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Tu as quelque chose des oiseaux
ton chant n’est plus le même

tu apparais parfois dans l’arbre
celui laissé au pays

ou alors tu t’effaces

complètement
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Tu voudrais apercevoir ton pays.
Tu n’en connais plus les détails.
Ta grande maison sans meuble,
faudrait lui repeindre les murs.
Ils ont pris la teinte de ce pays.
Tout s’est arrêté avec toi
à la même époque.
Autour tout a bougé.
Tu remues ton corps
d’un côté et de l’autre
au rythme de la musique.


Comme cela, tu existes longtemps après.








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Recuerdo tus ojos, lo verde que tenían.
Recuerdo la blancura de tu pecho.
Cuando venga la noche quiero acostarme a tu lado.
Sentir tu cuerpo no me dejara dormir.

Perdóname, no puedo volver, nunca.
No puedo volver y lloro.

¿ Como está la niña ? ¿ Creció mucho ?
Dile cuanto la quiero y cuanto te quiero.
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Tu es un oiseau sur une île.
Devant toi les vagues s’écrasent sur les rochers.
Tu regardes au loin, mais tu ne vois rien.
Tout s’est éloigné.

Tu restes les mains vides.









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Les uns partis d’ici pour quel pays

je ne comprends pas la liberté
ce qu’elle avait de rêves

elle aura coupé des ailes
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Tu ne pouvais parler qu’à demi-mots.
Quelle allure ont les mots coupés en deux ?
J’imagine ta langue pliée,
s’avançant à demi dans la bouche.
Et le souffle que tu avais alors.
Il n’y en avait presque pas, un souffle à demi.
Les mots n’avaient plus le même sens.
Chacun disait ce que tu ne pensais pas.
Ou alors ils se déformaient dans ta bouche.
Cela revenait au silence.
Se taire avec une langue bougeant à moitié.
Parfois, les mots se disaient à la hâte.
Des phrases murmurées très vite.
Tu vivais caché dans la langue.


Elle tournait sans faire de bruit.



La vidéo et la bande audio de la nuit remue où on me voit et m'entend le lire, ici
Des extraits sur remue.net, suite à la nuit remue#7, mais dans une première version


3 commentaires:

  1. J'aime vos évocations de ce grand-père.

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  2. Merci beaucoup Dominique. J'ai encore beaucoup à apprendre, explorer, écrire sur ce grand-père !

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  3. Bien sûr cette histoire me touche et tu sais pourquoi.
    isabelle mignon

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