mercredi 14 août 2013

Coups portés

Coups portés est paru chez Publie.net en 2009. Réédité en 2012.

Portrait de famille avec ruralité et patois de campagne.






Extraits



ils me racontent leurs histoires je suis toute pourrie gâtée
si ça leur fait du bien c’est pas la mer à boire ni le calva
enfermé à double tour faut pas y toucher sait-on jamais s’il
y aura demain faut entasser du merdier des amas de souvenirs
ces petits fagots allumés pour propager chaleur et brûler là
toutes ces bricoles qui ne font rien nous revenir de là-haut




fait pipi partout ne sait plus trop où coin seau ou terreau
se trifouille tord sa robe les déchirures en manger un bout
boit l’apéro s’en rend pas trop compte n’a jamais bu de vin
la fugue fuite vers où aller le chemin de fer va tout train
s’griffe les mains baies d’airelles un peu d’eau la rivière
nulle part où aller si ce n’est demi-tour car par où passer
surgit fatiguée un bout du monde se faire fœtus et attendre

Ils en parlent


  • Des noms et des histoires rassemblés en blocs de langue, légèrement râpeuse comme un patois de campagne, avec animaux, mots gros et collection de détails constituant peu à peu mosaïque criante de vérité de cet ici (au hasard : "café calva canard, et lunettes rafistolées bouts de gros scotch"…), qui resurgissent là, dans cette écriture de la langue parlée. Une croisière pas de tout repos dans les zones accidentées des liens familiaux, "où sang veines familiales renversent coulent de mains en mains où ne pas étouffer ni taire", "un siècle ou deux de générations" et la guerre, et puis au moment du deuil : nœuds affectifs, cristallisation lors des héritages, émergence des enjeux toujours exagérés ("bout de terre ne vaut pas grand kopek inculte juste un petit bout de lande"), "des vertes et pas mûres" pour se partager "la part de la galette", le magot, qui dort là, c’est sûr… de ce qui se joue au fond des cuisines de nos campagnes, lieu de la discussion, du café, sur la nappe à carreaux que l’on imagine là. Bref, une langue avec ce goût de poésie brute, cet écho des sagesses et bêtises paysannes, une langue forte et belle, et pas seulement pour qui sait et a vu ces scènes-là… de ces langues-là de campagne, mais repassées ici au contemporain. (Fred Griot)
  • texte rauque et fort, tout chargé de mémoire, poésie tout près du corps. (François Bon)
  • Sur Babelio

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire